lundi 21 juillet 2014

Mike Brant : chanteur francais à la voix envoûtante




 Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, Bronia Rosenberg, survivante du camp de concentration d'Auschwitz, rencontre Fichel Brand, maquisard polonais, dans un camp de réfugiés. Tous deux partent vers la Palestine, mais leur bateau est coulé par l'armée britannique qui les débarque à Chypre. 
De leur union, va naître Moshé le 1er février 1947. En mai 1948, la famille décide, suite à la création de l'état d'Israël, de partir s'y installer. Ils obtiennent un visa pour Haïfa. 
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Malheureusement, le petit Moshé s'avère être muet. Sa mère lui met une pancarte autour du cou avec nom et adresse au cas où il viendrait à se perdre. Enfin les mots sortent, il a cinq ans. Sa scolarité est marquée par son attirance pour le dessin et le chant. Il est alors le seul garçon de la chorale. Il quitte le lycée à 13 ans et travaille au kibboutz Kfar Haemek où il garde les animaux. Puis il multiplie les petits boulots : réparateur de frigos, garagiste, guide au musée océanographique de Haïfa.
Zvi, son frère cadet de deux ans et accordéoniste, monte un groupe, Les Chocolates, et propose à Moshé, alors âgé de 15 ans, de chanter. Le jeune homme est doté d'une voix de stentor. Tout de suite, les filles de Haïfa n'ont plus d'yeux que pour lui. Après un an de galère, Les Chocolates signent un contrat avec l'hôtel Dan Carmel de la ville. Ils se produisent au Rondo, la boîte de nuit du lieu, pendant 15 mois. 






Le directeur de l'établissement s'apercevant du succès de Moshé auprès de la gent féminine, conseille au groupe de mettre en avant ce jeune Apollon. Ainsi, les Chocolates deviennent Mickaël Sela et les Chocolates. Le groupe reprend les standards américains comme "My Prayer" des Platters, ceux d'Elvis Presley, de Tom Jones, etc., à raisons de 150 chansons par soirée. Le public, sous le charme, ne prête guère attention à l'interprétation phonétique du chanteur. Sa popularité devient telle que Jonathan Karmon, le Monsieur music-hall d'Israël célèbre chorégraphe et directeur de revue vient l'écouter. Il est surpris par la voix et le charisme que dégage ce jeune chanteur encore muet dix ans auparavant.

La mort du père de Mike en 1967 constitue une première épreuve pour lui. Il décide d'embarquer au sein du Grand Music-Hall de J. Karmon pour une tournée aux Etats-Unis et en Afrique du Sud. Cette opportunité lui permet de travailler sa voix, son jeu de scène et d'apprécier la vie d'artiste en tournée. Il se prend alors à rêver d'une carrière solo, de devenir une sorte de rock star comme son idole Tom Jones, chanteur gallois et célèbre Adonis à la voix envoûtante lui aussi.

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De retour de tournée, Mike se produit pendant l'hiver 68 au Baccara Club de Téhéran où il continue d'enflammer l'assistance en enchaînant plus de 300 titres par soir dont les reprises de tubes des Beatles, de Ray Charles et de Tom Jones, évidemment. C'est lors d'une de ses représentations que la chance se présente sous la forme d'un couple extravaguant : Sylvie Vartan venue se produire dans le même club et Carlos, secrétaire de la chanteuse. Epoustouflés par la prestation de Mike, ils lui proposent de se rendre à Paris.

Mike achève son contrat avec le club et débarque en juillet 1969 à Paris sans connaître un seul mot de français et maîtrisant moyennement l'anglais. Il n'a en poche que les numéros de téléphone de Carlos et de Sylvie. Malheureusement, les deux artistes sont en tournée et les appels de Mike restent vain. Décidé à repartir en Israël, il rappelle une dernière fois et obtient enfin quelqu'un au bout du fil. Dès lors, Carlos le prend en main. Il l'héberge, lui présente Eddy Barclay et une partie du show-biz. Sa carrière française ne démarre toujours pas. L'obstacle de la langue est une des raisons de sa difficile intégration dans le monde artistique français. Il cachetonne au Bistingo, cabaret et haut lieu artistique où se croisent les dénicheurs de talent comme Léo Missir, patron du label Riviera chez Barclay ou Monique Le Marcis, directrice des programmes de RTL. Rien n'y fait.

Carlos, ne sachant plus que faire pour lancer la carrière du jeune Israélien, le conseille à Jean Renard, directeur artistique de Sylvie Vartan  et de Johnny Halliday tout juste auréolé du succès de "Que je t'aime". Il lui fixe rendez-vous chez Jean-Claude Vannier, talentueux musicien et arrangeur de son de toutes les grosses pointures françaises du moment. Selon la légende, Mike, en un mot, "Summertime", et un accord, les subjugue et Jean Renard décide de le signer pour cinq ans.

 

Pour lui faire gagner un peu d'argent avant l'enregistrement du premier titre, Renard le confie à Inno Saada qui lui organise des tours de chant au Régiskaïa Club de Meudon la forêt. L'enregistrement commence, Renard s'entoure de Jean-Claude Vannier, J.C Charvier, Gérard Tournier son éditeur qui avance les fonds. Après 260 séances de pre-recording, le premier 45 tours de Mike, devenu Brant, intitulé "Laisse-moi t'aimer" écrit par Jean Renard sort en février 1970. Il se vend à plus d'un million et demi d'exemplaires et s'exporte en Allemagne et en Italie où Mike enregistre dans les deux langues.

Renard ne s'occupe pas que de la musique. Il a transformé Brand par Brant, il s'occupe de son look, chemise entrouverte en satin, pattes d'ef et boots. Toute la panoplie du latin lover afin de satisfaire la presse "ado" en pleine effervescence c'est l'âge d'or des idoles. 
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S'enchaînent alors les sorties de deux nouveaux 45 tours au printemps et à l'automne 70, "Un grand bonheur" et "Mais dans la lumière" qui vaut à Mike le Grand Prix RTL International. Ceci lui permet de passer souvent sur les ondes de la radio grâce à Monique Le Marcis qui en fait son chouchou. Sa cote monte, ses apparitions à la télévision dans les émissions de Guy Lux, des Carpentier et consorts ajoutent à sa renommée. Les Françaises le découvrent et tombent sous le charme du "play boy israélien" à la voix chaude.

De plus, son pygmalion ne recule devant rien. Alors que Mike est victime d'un accident de la route, son "manager" le prend en photo sur son lit d'hôpital et vend les photos au quotidien France Soir. Cela occasionne une publicité fantastique pour la sortie en avril 1971 de son quatrième 45 tours écrit par Franck Gérald, "Nous irons à Sligo", qui devient immédiatement un succès.

 



Mike apprend donc les rouages du show-biz aux côtés d'un des tout meilleurs managers de l'époque. Malgré tout, Mike décide d'avancer progressivement dans sa carrière, préférant se produire en province plutôt qu'à Paris, ne se sentant pas encore prêt. Il sort en juillet 1971 un nouveau 45 tours "A corps perdu" chanson sexy et "Felicita" où sa voix est une nouvelle fois mise en valeur. Même s'il est attiré par une carrière d'acteur, il ne veut pas trop pour le moment se disperser. C'est pour cette raison qu'il aurait refusé coup sur coup un rôle dans un film de Lucchino Visconti et un autre dans l'adaptation italienne de "Hair" au cinéma.
La réussite fulgurante de ses derniers 45 tours fait de Mike Brant la nouvelle coqueluche des jeunes. Mike, après avoir refusé, semble prêt à se produire sur une scène parisienne. Mais ce n'est ni l'avis et ni l'envie de Renard. Mike se passe de son avis et c'est la rupture. Il se produit en vedette "américaine" de Dalida à l'Olympia en octobre 1971. Jean Renard lègue alors toutes les bandes du chanteur à Gérard Tournier qui devient son producteur. Malgré cette séparation, l'année 1971 reste une année faste pour le chanteur qui vend un million de disques et reste donc quinze jours à l'Olympia. Sa célébrité toute fraîche active les rumeurs d' idylles avec de jeunes chanteuses comme Dani, Nicoletta ou Dalida, et exacerbe les jalousies courantes dans le show-biz.

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Gerard Tournier va servir de lien entre Renard et Charles Talar qui devient le nouveau producteur de Mike, aidé par Alain Krief pour la musique puisque Jean-Claude Vannier, solidaire de Renard, stoppe sa collaboration. Michel Jourdan qui a travaillé pour Aznavour, Claude François, Julio Iglésias et autres, devient son parolier. "Une fille à aimer", 45 tours sorti à la fin de l'année 71 ne marche pas tellement, ce qui lui fait dire que "les chanteurs sont comme des yoyos, ils montent et ils redescendent".

Il faut attendre la sortie de "Qui saura" en avril 1972 pour que Mike retrouve sa place de nº1 au hit-parade. Ce titre est une reprise de "Que sera" de José Feliciano que celui-ci avait interprété lors du Festival de San Remo de 1971 où se trouvait aussi Mike. La vente de ce disque dépasse les 2 millions d'exemplaires.

 



Le chanteur accède également à la place de numéro un dans le cour de milliers de fans devant Johnny et Sylvie et fait la couverture de Podium, Mademoiselle Age Tendre et autres magazines surfant sur la vague lucrative des idoles. Ce succès attise une fois de plus les jalousies et les critiques envers ce chanteur à midinettes qui soi-disant manque de profondeur. Il préfère rétorquer que "les chansons engagées sont bonnes pour les chanteurs sans voix", qu'il en a assez de ces "minettes hystériques qui crient pendant qu'il chante", souhaitant être vraiment écouté. Il s'évade alors en jouant au foot le dimanche matin à Bagatelle en compagnie d'Adamo, Macias, et autres rares amis qu'il a dans le milieu. Car même avec les cohortes de jeunes filles qui l'attendent patiemment dans ses escaliers, Mike paraît esseulé sans réel entourage affectif, lui qui semble avoir besoin de se sentir aimé. Cette situation le pousse à être plus critique. On s'aperçoit alors qu'il n'est pas qu'un "piège à filles".
Son désir de reconnaissance passe par la composition. Il signe ainsi sa toute première en septembre 1972 sur "C'est ma prière", chanson écrite par Richard Seff. Immédiatement, le 45 tours se retrouve nº1 au hit-parade. Sa famille est très fière de cette première création mais elle s'inquiète un peu car Mike semble être pris en otage par son succès, lui qui enchaîne 250 galas dans la seule année 1972.































Son producteur, Charles Talar, le fait désormais circuler dans une voiture blindée. Il l'entoure de cinq gardes du corps. Le chanteur reste cloîtré chez lui, n'ayant comme autre ouverture sur l'extérieur que son téléphone. Ce repli semble le toucher, il confie à sa mère que "son cour devient une horloge", qu'il n'en peut plus. La pression médiatique lui ôte le peu de liberté qui lui reste.

 
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Pour autant, il continue de composer sur les textes de Michel Jourdan. Vont sortir ainsi "Que tu es belle" et "Toutes les couleurs" entre fin 72 et début 73. Il enchaîne les tournées de promotion en Europe, au Japon, en Australie, etc. En avril 1973, il sort le 45 tours "Rien qu'une larme" qui une nouvelle fois, le consacre nº1 en France mais aussi dans beaucoup d'autres pays. Ainsi, il en vend 120.000 exemplaires au Canada. Puis de nouveau, un succès avec la sortie de "Tout donné, tout repris" qui lui, se vend à un million d'exemplaires.

Il fait alors la rencontre de Grita, mannequin danoise et semble connaître pour la première fois de sa vie le grand amour. Quand celle-ci lui demande de ralentir le rythme infernal des galas, il hésite mais ne s'y résout pas. C'est sans doute la cause de la rupture entre les deux tourtereaux. Cet épisode fragilise encore un peu plus ce mal-aimé.






En 1974, Mike signe chez Polydor et change de producteur. Désormais, c'est Simon Waintrob qui le prend en charge. C'est un homme précédé d'une réputation sulfureuse qui s'occupe entre autres de Salvador Dali. Mike côtoie alors un autre milieu artistique. Lui qui aime peindre se retrouve en compagnie du génie surréaliste. Celui-ci lui offre plusieurs lithographies lors d'un voyage chez le maître à Cadaqués avec Mick Jeagger et Alice Cooper.

Selon sa mère, inquiète des nouvelles relations de son fils, il est entouré de "vautours" qui le pillent. Pourtant, Mike continue à créer ses musiques, toujours accompagné de Michel Jourdan pour les textes. En mai et octobre 1974, ils sortent plusieurs 45 tours : "C'est comme ça que je t'aime", "Viens ce soir", "Toi, mon enfant", toujours bien reçus par le public et par les 35.000 membres de son fan-club qui attendent impatiemment les sorties de ses disques. Mais Mike semble fragilisé. En effet, début mai 1974, devant 4.000 personnes réunis à Boissy-Saint-Léger, il quitte la scène après quatre chansons, laissant ses fans médusés. Puis quelques jours plus tard à Cambrai, il brise le miroir de sa loge d'un coup de poing. La nervosité, l'anxiété ajoutées à un mauvais entourage, déboussolent Mike.

Un autre incident survient en juin 1974. Son appartement est cambriolé. On lui vole les lithographies de Dali, des pièces d'or données par le Shah d'Iran qu'il considère comme des porte-bonheur. Mais c'est la disparition des photos de famille et des bijoux de sa mère qui le touche. "On m'a arraché aussi ma vie" dit-il. Il souffre alors de dépression. Sur les conseils de Johnny Halliday, il s'éloigne du monde des paillettes et part séjourner à Genève afin de reprendre des forces. Le 21 novembre 1974, il tente de se suicider en se jetant par la fenêtre de son hôtel. Il s'en tire avec plusieurs fractures. Il semble se trouver sur le fil, ce qui confirme les dires de ses proches collaborateurs qui indiquaient, avant sa tentative, que Mike se renfermait sur lui-même. En même temps, ses disques comme "C'est comme ça que je t'aime" se vendent par milliers.


 
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L'état de Mike oscille entre l'envie de vivre et des périodes de forte déprime. Il reprend le chemin des studios et sort en janvier 1975 "Qui pourra lui dire" et "Elle a gardé ses yeux d'enfants" dont les paroles sont signées Richard Seff et M. Jourdan. Les mois suivants, Mike se plonge dans la création d'un nouvel album. Lors de l'enregistrement, il retrouve Jean Renard et les deux hommes décident de collaborer à nouveau. Son disque avec "Dis-lui", adaptation de "Feelings" de Loulou Gasté et Morris Albert, sort au début du mois d'avril 75. Mike le considère comme son meilleur disque et paraît reprendre goût à la vie. Mais cela n'est qu'une façade.

Le 25 avril 1975, Mike Brant se jette de la terrasse de l'appartement d'une amie et cette fois-ci, meurt sur le coup. Le monde musical est sous le choc. Les membres de son fan-club et des milliers d'anonymes pleurent la mort de l'idole. Le 7 mai, il est enterré à Haïfa en Israël. Quinze jours après sa mort, "Dis-lui" se vend à plus d'un million d'exemplaires.

 



Vingt-cinq ans après les faits, l'énigme de sa mort est toujours présente car son geste reste inexplicable. De plus, son suicide est suivi en 1976 de celui de son secrétaire Alain Krief, puis de celui de Simon Waintrob, faits qui viennent jeter un certain trouble parmi les admirateurs du chanteur. L'engouement des fans après plusieurs décennies est toujours vivace et les compilations de ses succès se vendent à une moyenne de 200.000 exemplaires par an. Aujourd'hui, ses fans réunis au sein du "Mike Brant Star-Club", comptant environ 2000 admirateurs en Europe, organisent deux à trois soirées par an à sa mémoire en compagnie de sa famille dont son frère Zvi et les collaborateurs comme M. Jourdan. De plus, comme le souhaitait Mike, une chorale à son nom reprend ses chansons perpétuant ainsi ses refrains inoubliables et la mémoire du chanteur.

Lettre d'une de ses fans.

Cher Mike pourquoi tu nous a quitté si tôt, toi qui avez tout pour être heureux.Voila se que j'entend bien trop souvent!!!!. le principal te manquait ,être vraiment aimer tout simplement une vie de famille un enfant surement, rien d'extraordinaire la Vie tout court. Mais certain avez fait de TOI une icône tu ne te reconnaissait plus tu avez perdu tout tes repaires si simples. Certes tu avez tout ! une voix magnifique un visage d'ange, un sourire a faire pleurer tant il etait radieux, des disques qui se vendaient par millions de l'argent enfin comme l'on dit tout pour être heureux !!! mais non MIKE il te manquais L'AMOUR TOUT SIMPLEMENT. L'amour du public ne suffit pas cet un Amour ingrat trop personnel. Et puis tu sais MIKE il faut être solide pour être un idole et TOI tu etais fragile trop gentil, alors un jour tu as decidé que c'était trop dur que l'on ne te comprenais pas. Je comprend les artistes qui se protège qui après la Vie d'artiste ont leur vie privee, quitte a passer pour des pas sympathiques. C'est eux qui ont raison.TOI mon ANGE tu n'a pas etait protégé et trop gentil tu n'as rien dit .Voila le resultat. Pardon MIKE au non de tous. Je sais que tu me vois ecrire et que tu nous pardonnes mais cela aurez pu etre une bien belle parenthese ici bas avec TOI et ton public si tout le monde avez été plus sage. AU REVOIR MON ANGE,JE NE T'OUBLIE PAS. BISOUS. Annie


 Le 25 avril 1975, on annonce la mort de cet artiste au grand coeur. 

A 11h15 ce matin, Mike Brant est tombé du sixième étage d’un immeuble situé au 6, rue Erlanger dans le 16ème arrondissement parisien. Il avait 28 ans.

Suicide, assassinat, accident, mauvais trip au LSD ? Pour le moment aucune hypothèse n’est écartée même si la thèse du suicide semble être privilégiée. Particulièrement affecté par le cambriolage de son appartement, il avait été déjà retrouvé le 22 novembre 1974 bloqué dans les rambardes du 3ème étage avec traumatisme crânien et deux fractures des jambes de son hôtel à Genève. Une dispute avec son producteur, Simon Waintrop, aurait été à l’origine de cette chute.

Mais tout le monde sait que Mike Brant vivait difficilement son succès et l’acharnement de ses fans, qu’il était le fils de parents déportés et qu’il lui arrivait de consommer du LSD. La théorie la plus surprenante est encore celle d’une sombre histoire de trafic d’œuvres d’art ou encore son implication dans une histoire d’espionnage liée avec le Mossad….

Qu’importe, ce qu’il restera de Mike Brant, ce sont ses chansons qui ont bouleversé, et bouleverseront longtemps encore, les cœurs les plus romantiques.  






Disparu il y a trente-cinq ans, le chanteur fait toujours vibrer ses fans. Un culte intact entretenu par sa famille, que nous avons rencontrée en Israël.


Tous les six mois, ils se retrouvent à Haïfa, au cimetière Camp David. Ils sont une petite cinquantaine. Certains portent des tee-shirts à l’effigie du disparu, d’autres ont carrément son visage tatoué sur l’épaule. Quand Zvi Brand, le frère cadet du chanteur, et sa fille Yona arrivent, ils les saluent, les embrassent. Et tous ensemble ils montent jusqu’à la tombe du défunt. Un rabbin dit alors une prière, en hommage à Mike Brant, suicidé à 28 ans, le 25 avril 1975 à Paris. Les fans ont apporté un iPad et des enceintes, pour qu’on l’écoute une fois encore. « Dis-lui », « Laisse-moi t’aimer », « Qui saura ? »... 

Il y a du pathétique et de l’émouvant dans leur démarche. Pour Marceline, la présidente du fan-club israélien, « Mike est toujours le plus grand, sa voix exceptionnelle continue de ­séduire les nouvelles générations ». ­Certains couples sont venus avec leurs enfants, effectivement, qui reprennent en chœur les tubes de l’artiste. Le soir, la petite assemblée a ôté les couleurs du deuil pour se retrouver cette fois-ci dans la banlieue de Tel-Aviv. Deux grandes effigies de Mike ornent la maison où se déroule la fête. On parle de tout et de rien.

Pour les fans, deux chansons inédites

Mais surtout, Yona et Zvi sont ­venus présenter leur dernier-né : un coffret de 18 CD reprenant les 18 singles originaux de Mike Brant. « Ce sera en vente en France le 4 mai, précise Yona. Mais vous pourrez le commander. » Car même mort depuis trente-cinq ans, Mike Brant continue de fasciner les foules. Chaque nouvelle compilation se vend à 200 000 exemplaires en moyenne. Du coup, pour EMI, qui ­distribue ses albums, il est important d’entretenir la flamme, de continuer à aiguiser l’appétit des fans avec des chansons inédites ou des versions peu connues. Et avec ce petit coffret, les fans seront comblés : il y a effectivement deux chansons inédites ! 

 

Depuis quelques années maintenant, Yona s’occupe des affaires françaises de Mike Brant. Elle tient à redorer l’image de l’oncle qu’elle n’a pas connu. Et surtout à mettre un terme aux rumeurs qui feraient de Mike Brant un drogué, complètement paranoïaque. Mais lorsqu’il s’agit de donner leur version des faits, c’est Zvi Brand qui prend la parole.

Zvi Brand. Le mythe ! La voix ! L’homme ! Depuis trente-cinq ans, les gens viennent me voir pour me parler de lui. Tous me disent combien le chanteur Mike Brant les a aidés, combien ils l’ont aimé.


Quel enfant était-il ?
 
C’était un vrai déconneur, ce qui créait des problèmes à l’école. Mais tout le monde aimait être à ses côtés, il était beau, il était joueur, il était séducteur. Très jeune, il chantait déjà, il imitait ses idoles Elvis Presley ou Neil Sedaka. A chaque mariage, à chaque bar-mitsva, on lui demandait de venir chanter. C’était son truc. Mais à la ­chorale de la synagogue, il refusait de reprendre des prières ! 


 

La légende dit pourtant qu’il a été un enfant muet jusqu’à l’âge de 5 ans...
Pfff ! Un drame inventé. Mike n’a pas été muet pendant cinq ans, il a simplement parlé tardivement, vers 2 ans et demi, 3 ans. Ma mère l’avait emmené chez le médecin à ce sujet. Ce dernier, après avoir examiné Mike, lui avait dit : “Madame, le jour où Moshe parlera vous regretterez les jours où il ne parlait pas !” Plus tard ma mère disait souvent à Mike : “Les ­cigognes sont venues me voir une première fois pour t’apporter. Puis elles sont revenues pour me demander pardon !” Elle rigolait, mais c’est pour vous décrire l’état d’esprit de notre famille.


 

Pourtant vos parents étaient des rescapés de l’Holocauste.
 

Effectivement, nos parents se sont retrouvés sans personne. Toute la ­famille de ma mère avait été tuée dans les camps. Et mon père croyait également que la sienne était décimée. Mais ni lui ni elle n’ont évoqué leur drame. Pendant des années, nous n’étions pas au courant. Il a fallu qu’un jour une femme demande à parler à ma mère. Quand elle l’a vue, elle s’est mise à pleurer. J’avais 11 ans, Mike 14. A ces âges-là seulement nous avons appris ce qu’était l’Holocauste.

 

En parliez-vous avec Mike ? On a dit que ce passé familial lui pesait.
 
Nous n’en avons plus jamais reparlé. Mike n’était pas quelqu’un qui s’ouvrait facilement. Dès que sa carrière a été lancée, il a passé son temps à nous protéger ma mère et moi. Il était toujours discret. Il n’a fait appel à nous que dans les moments difficiles. Après l’accident de Genève , il a demandé à ma mère de venir. Là, nous avons commencé à nous inquiéter pour lui. A son retour en Israël, ma mère m’a confié qu’elle ne comprenait pas comment Mike faisait pour supporter son entourage.


 

Etiez-vous proches ?
 
Très ! Quand je passais par Paris, je restais des jours chez lui, on sortait, il me donnait de l’argent ! Et quand j’étais en Israël, on se parlait au téléphone. Il me disait le plus souvent que tout allait bien d’ailleurs.


Connaissiez-vous ses fiancées ?
 
Nous savions que Lena était dans sa vie. A l’époque, elle était mannequin et le magazine “Vogue” lui avait consacré un numéro entier. C’est vous dire combien elle était divine... Mais Mike ne m’a jamais rien dit à son sujet. Je ne lui posais pas de questions non plus. Je savais qu’il ne me répondrait pas.


 


«Mike croquait la vie à pleines dents»
Pensiez-vous qu’il allait mourir ?
 
Pour moi c’était impossible. Mike aimait tellement la vie, il la croquait à pleines dents, il aimait les femmes, il ­aimait faire l’amour, pas une seconde je n’aurais cru qu’il puisse mettre fin à ses jours. Il m’avait confié en 1975 : “Zvi, si je dois mourir demain, ce n’est pas grave, j’ai déjà tellement profité de la vie.”


Alors comment expliquez-vous son geste ? Etait-il sous l’influence de la drogue ?
 
Je n’ai jamais vu Mike se droguer, il tirait sur un joint de temps en temps, mais le LSD ou la cocaïne n’étaient pas dans son existence. En revanche, il ­refusait de prendre ses antidépresseurs car il s’en fichait, et c’était une ­erreur.


«Je ne l'ai jamais vu se droguer. C'est le showbiz qui l'a détruit»

 

Etait-il paranoïaque ?
 
Il a connu des moments de panique effectivement. Un soir lors d’un concert une fan lui a brûlé sa veste, et cela l’a effrayé. Et lorsqu’il s’est fait cambrioler à Paris. On lui avait pris ses lithos de Dali, les médailles que le shah d’Iran lui avait données. Cela l’a démoli, cela n’a pas arrangé son état psychique effectivement. Mais je ne l’ai découvert qu’après sa mort.


Pourquoi s’est-il suicidé ?
 

Ma mère pensait que son entourage l’avait tué. Pour moi, Mike s’est suicidé, car il ne supportait plus le show-­business. Ce monde de folie l’a détruit. Quand je suis arrivé à la morgue deux jours après son geste fatal, j’ai eu un choc. En Israël, on ne maquille pas les corps et, surtout, on ne montre pas les défunts. Son visage était beau, ses yeux étaient ouverts, il avait l’air d’un ange. Je suis parti en courant, je ne voulais pas croire qu’il était mort... Trente-cinq ans plus tard, j’y pense encore tous les jours. 



De son vrai nom Moshe Brand, Mike Brant est né le 2 février 1947, à Nicosie, dans l'île de Chypre, en pleine Méditerranée. Sa mère est une Polonaise brune du nom de Bronia Rosenberg. C'est l'une des rares rescapées du camp d'Auschwitz, de triste  mémoire, où toute sa famille a été exterminée par les nazis allemands.

Un miracle de l'amour
 

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, sa mère, Bronia, peut à peine tenir debout.
 
En 1945, quatre jours après la libération du camp par l'armée russe, elle arrive au centre d'accueil des déportés de Poking, perdu dans la campagne polonaise.


Un miracle se produit. Fichel Brand, un Russe d'une quarantaine d'années, ancien résistant du maquis, l'aide, un soir de distribution de soupe, à se relever. Elle a 23 ans, elle lui sourit, Cupidon frappe très fort, et voilà ces deux miraculés de l'enfer amoureux l'un de l'autre !
Bientôt, Bronia est tellement heureuse qu'elle se remet à chanter. C'est l'amour fou.



 Adieu l'artiste















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