lundi 15 septembre 2014

Apprendre à dominer ses difficultés


 
 
 



































« L'épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions », écrivait Mauriac. « Elle est nécessaire à la connaissance de soi », ajoute Sénèque.

Force est de constater qu'il faut parfois beaucoup de sang-froid et de résistance morale et physique pour faire face aux difficultés que la vie met sur notre chemin.

Un échec professionnel, une rupture amoureuse, des soucis d'argent, un contretemps qui survient au plus mauvais moment... nos existences sont jalonnées de difficultés, de rendez-vous manqués, d'imprévus, d'échecs, d'où la nécessité d'apprendre à relativiser tout ce qui nous arrive malgré nous, et notamment le mauvais. Ou du moins ce que nous percevons comme étant mauvais.

Car il y a toujours une leçon à tirer d'une difficulté. Et la façon même dont nous l'appréhendons peut être à elle seule un enseignement.

L'une des clés pour faire face aux difficultés est non de les combattre et les prendre de front, mais de les contourner en cherchant leur aspect positif. Dans l'adversité, l'état d'esprit fait tout.
« L'épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions », écrivait Mauriac. « Elle est nécessaire à la connaissance de soi », ajoute Sénèque.

Force est de constater qu'il faut parfois beaucoup de sang-froid et de résistance morale et physique pour faire face aux difficultés que la vie met sur notre chemin.

Un échec professionnel, une rupture amoureuse, des soucis d'argent, un contretemps qui survient au plus mauvais moment... nos existences sont jalonnées de difficultés, de rendez-vous manqués, d'imprévus, d'échecs, d'où la nécessité d'apprendre à relativiser tout ce qui nous arrive malgré nous, et notamment le mauvais. Ou du moins ce que nous percevons comme étant mauvais.

Car il y a toujours une leçon à tirer d'une difficulté. Et la façon même dont nous l'appréhendons peut être à elle seule un enseignement.

L'une des clés pour faire face aux difficultés est non de les combattre et les prendre de front, mais de les contourner en cherchant leur aspect positif. Dans l'adversité, l'état d'esprit fait tout.
 
« L'épreuve est nécessaire à la connaissance de soi.
C'est l'expérience qui nous fait prendre la mesure de nos propres forces. »
Sénèque

 

Petit conte fantastique pour 2010

L'aiguille à reprisr : conte pour enfants

 L’aiguille à repriser

Il y avait un jour une aiguille à repriser : elle se trouvait elle-même si fine qu’elle s’imaginait être une aiguille à coudre.

« Maintenant, faites bien attention, et tenez-moi bien, dit la grosse aiguille aux doigts qui allaient la prendre. Ne me laissez pas tomber ; car, si je tombe par terre, je suis sûre qu’on ne me retrouvera jamais. Je suis si fine !

– Laisse faire, dirent les doigts, et ils la saisirent par le corps.

– Regardez un peu ; j’arrive avec ma suite », dit la grosse aiguille en tirant après elle un long fil ; mais le fil n’avait point de nœud.

Les doigts dirigèrent l’aiguille vers la pantoufle de la cuisinière : le cuir en était déchiré dans la partie supérieure, et il fallait le raccommoder.

« Quel travail grossier ! dit l’aiguille ; jamais je ne pourrai traverser : je me brise, je me brise ». Et en effet elle se brisa. »Ne l’ai-je pas dit ? s’écria-t-elle ; je suis trop fine.

– Elle ne vaut plus rien maintenant », dirent les doigts. Pourtant ils la tenaient toujours. La cuisinière lui fit une tête de cire, et s’en servit pour attacher son fichu.

« Me voilà devenue broche ! dit l’aiguille. Je savais bien que j’arriverais à de grands honneurs. Lorsqu’on est quelque chose, on ne peut manquer de devenir quelque chose. »

Et elle se donnait un air aussi fier que le cocher d’un carrosse d’apparat, et elle regardait de tous côtés.

« Oserai-je vous demander si vous êtes d’or ? dit l’épingle sa voisine. Vous avez un bel extérieur et une tête extraordinaire ! Seulement, elle est un peu trop petite ; faites des efforts pour qu’elle devienne plus grosse, afin de n’avoir pas plus besoin de cire que les autres. »

Et là-dessus notre orgueilleuse se roidit et redressa si fort la tête, qu’elle tomba du fichu dans l’évier que la cuisinière était en train de laver.

« Je vais donc voyager, dit l’aiguille ; pourvu que je ne me perde pas ! »

Elle se perdit en effet.

« Je suis trop fine pour ce monde-là ! dit-elle pendant qu’elle gisait sur l’évier. Mais je sais ce que je suis, et c’est toujours une petite satisfaction. »

Et elle conservait son maintien fier et toute sa bonne humeur.

Et une foule de choses passèrent au-dessus d’elle en nageant, des brins de bois, des pailles et des morceaux de vieilles gazettes.

« Regardez un peu comme tout ça nage ! dit-elle. Ils ne savent pas seulement ce qui se trouve par hasard au-dessous d’eux : c’est moi pourtant ! Voilà un brin de bois qui passe ; il ne pense à rien au monde qu’à lui-même, à un brin de bois !… Tiens, voilà une paille qui voyage ! Comme elle tourne, comme elle s’agite ! Ne va donc pas ainsi sans faire attention ; tu pourrais te cogner contre une pierre. Et ce morceau de journal ! Comme il se pavane ! Cependant il y a longtemps qu’on a oublié ce qu’il disait. Moi seule je reste patiente et tranquille ; je sais ma valeur et je la garderai toujours. »

Un jour, elle sentit quelque chose à côté d’elle, quelque chose qui avait un éclat magnifique, et que l’aiguille prit pour un diamant. C’était un tesson de bouteille. L’aiguille lui adressa la parole, parce qu’il luisait et se présentait comme une broche.

« Vous êtes sans doute un diamant ?

– Quelque chose d’approchant. »

Et alors chacun d’eux fut persuadé que l’autre était d’un grand prix. Et leur conversation roula principalement sur l’orgueil qui règne dans le monde.

« J’ai habité une boîte qui appartenait à une demoiselle, dit l’aiguille. Cette demoiselle était cuisinière. À chaque main elle avait cinq doigts. Je n’ai jamais rien connu d’aussi prétentieux et d’aussi fier que ces doigts ; et cependant ils n’étaient faits que pour me sortir de la boîte et pour m’y remettre.

– Ces doigts-là étaient-ils nobles de naissance ? demanda le tesson.

– Nobles ! reprit l’aiguille, non, mais vaniteux. Ils étaient cinq frères… et tous étaient nés… doigts ! Ils se tenaient orgueilleusement l’un à côté de l’autre, quoique de différente longueur. Le plus en dehors, le pouce, court et épais, restait à l’écart ; comme il n’avait qu’une articulation, il ne pouvait s’incliner qu’en un seul endroit ; mais il disait toujours que, si un homme l’avait une fois perdu, il ne serait plus bon pour le service militaire. Le second doigt goûtait des confitures et aussi de la moutarde ; il montrait le soleil et la lune, et c’était lui qui appuyait sur la plume lorsqu’on voulait écrire. Le troisième regardait par-dessus les épaules de tous les autres. Le quatrième portait une ceinture d’or, et le petit dernier ne faisait rien du tout : aussi en était-il extraordinairement fier. On ne trouvait rien chez eux que de la forfanterie, et encore de la forfanterie : aussi je les ai quittés.

À ce moment, on versa de l’eau dans l’évier. L’eau coula par-dessus les bords et les entraîna.

« Voilà que nous avançons enfin ! » dit l’aiguille.

Le tesson continua sa route, mais l’aiguille s’arrêta dans le ruisseau. »Là ! je ne bouge plus ; je suis trop fine ; mais j’ai bien droit d’en être fière ! »

Effectivement, elle resta là tout entière à ses grandes pensées.

« Je finirai par croire que je suis née d’un rayon de soleil, tant je suis fine ! Il me semble que les rayons de soleil viennent me chercher jusque dans l’eau. Mais je suis si fine que ma mère ne peut pas me trouver. Si encore j’avais l’œil qu’on m’a enlevé, je pourrais pleurer du moins ! Non, je ne voudrais pas pleurer : ce n’est pas digne de moi ! »

Un jour, des gamins vinrent fouiller dans le ruisseau. Ils cherchaient de vieux clous, des liards et autres richesses semblables. Le travail n’était pas ragoûtant ; mais que voulez-vous ? Ils y trouvaient leur plaisir, et chacun prend le sien où il le trouve.

« Oh ! la, la ! s’écria l’un d’eux en se piquant à l’aiguille. En voilà une gueuse !

– Je ne suis pas une gueuse ; je suis une demoiselle distinguée », dit l’aiguille.

Mais personne ne l’entendait. En attendant, la cire s’était détachée, et l’aiguille était redevenue noire des pieds à la tête ; mais le noir fait paraître la taille plus svelte, elle se croyait donc plus fine que jamais.


« Voilà une coque d’œuf qui arrive », dirent les gamins ; et ils attachèrent l’aiguille à la coque.

« À la bonne heure ! dit-elle ; maintenant je dois faire de l’effet, puisque je suis noire et que les murailles qui m’entourent sont toutes blanches. On m’aperçoit, au moins ! Pourvu que je n’attrape pas le mal de mer ; cela me briserait. » Elle n’eut pas le mal de mer et ne fut point brisée.

« Quelle chance d’avoir un ventre d’acier quand on voyage sur mer ! C’est par là que je vaux mieux qu’un homme. Qui peut se flatter d’avoir un ventre pareil ? Plus on est fin, moins on est exposé. »

Crac ! fit la coque. C’est une voiture de roulier qui passait sur elle.

« Ciel ! Que je me sens oppressée ! dit l’aiguille ; je crois que j’ai le mal de mer : je suis toute brisée. »

Elle ne l’était pas, quoique la voiture eût passé sur elle. Elle gisait comme auparavant, étendue de tout son long dans le ruisseau. Qu’elle y reste !

Jacques Anquetil : Champion cycliste français

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Jacques Anquetil (surnommé Maître Jacques) est né à Mont-Saint-Aignan le 8 janvier 1934 et mort d'un cancer le 18 novembre 1987 à La Neuville-Chant-d'Oisel. Il fut un prestigieux coureur cycliste français, père de deux enfants nés à seize années d’écart: une fille, Sophie Anquetil, née en 1970 et d’un garçon, Christopher, né en 1986.

Jacques Anquetil possédait un vélo depuis l’âge de quatre ans, mais attendit le 2 décembre 1950 pour signer sa première licence amateur à l'AC Sotteville. Après un CAP d’ajusteur-fraiseur, il pensait se destiner à seconder son père, horticulteur spécialisé dans la culture des fraises. Il signe à cette époque 16 victoires chez les amateurs, dont le Prix Maurice Latour le 3 mai 1951 à Rouen (1re victoire), le Prix de France en 1952 et le Tour de la Manche et le Championnat national sur route la même année.

Il devint cycliste professionnel en 1953 et ce jusqu'en 1969 en signant 184 victoires.

En 1961, Anquetil annonce son défi de porter le maillot jaune de la première à la dernière étape. Exploit qu'il réalisa, s'attirant d'ailleurs les foudres du directeur de la course qui lui reprocha vivement de "tuer le Tour", mais attisa également la colère des spectateurs qui l'accueillit à l'arrivée de la dernière étape au Parc des Princes par des sifflets. Evénement duquel il tirera une certaine ironie, puisque quelques années plus tard, il baptisera son bateau "Sifflets".

En 1965, sur une idée de Raphaël Géminiani, il remporte à la fois le Dauphiné-Libéré, course de montagne par étapes, et Bordeaux-Paris. Un exploit encore puisque les deux courses n'étaient séparées que par quelque 7 heures, la première finissant à 17 heures et la deuxième partant à minuit.

Anquetil porta successivement les couleurs de « La Perle » (1953-1955) (directeur sportif : Francis Pelissier), « Helyett » (1956-1958), « ACBB Leroux » (1959-1960), « Saint-Raphaël » (1961-1964), « Ford-Gitane » (1965-1966), équipe française avec laquelle il remporte la Coupe du Monde Intermarques en 1965 et « Bic » (1967-1969). Son premier entraîneur, dès sa licence à Sotteville, fut André Boucher (dit papa Boucher ) auprès duquel il revenait souvent prendre conseils et forces avant de grandes compétitions, du type « contre-la-montre ».

 
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À son retrait de la compétition, il fut correspondant du journal L'Équipe, consultant sur Europe 1 puis sur Antenne 2, directeur de course (Paris-Nice et Tour Méditerranéen), directeur sportif de l'équipe de France (aux championnats du monde), membre du comité directeur de la FFC, reporteur à la télévision… et enfin gentleman farmer du « Domaine des Elfes » (deux kilomètres carrés de terres à La Neuville-Chant-d'Oisel à 17 kilomètres de Rouen).

Après avoir raccroché à l'âge de 35 ans, il ne remontra qu'à trois reprises sur un vélo, jugeant avoir "trop dégusté sur cet engin". Une fois pour participer à une course "people" à Nice, le Grand Prix des Gentlemen, une seconde fois à l'occasion d'une sortie un après-midi avec des amis en Normandie et la dernière fois à l'occasion d'un anniversaire de sa fille. A l'exception de ces trois événements, il ne remonta jamais sur un vélo à partir de 1969.

Parallèlement à ses nombreuses victoires, il fut maintes fois récompensé et reçut le titre de champion des champions français (L'Équipe) en 1963 ainsi que les grades de :
Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1965 (croix du mérite)
Chevalier de la Légion d'honneur le 5 octobre 1966


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Palmarès de Jacques Anquetil
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* Super Prestige Pernod en 1961, 1963, 1965, et 1966 (3e : 1964)
* Prestige Pernod: 1961, 1963, 1965
* Challenge de France des organisateurs: 1965
* Challenge Yellow (Sédis) : 1957, 1965
* Trophée Edmond Gentil : 1953, 1960, 1963
* Coupe Deutsch de la Meurthe : 1964

Quand la mémoire fait naufrage


 Quand la mémoire fait naufrage
 
Elle oublie, depuis quelque temps, elle oublie
Elle tourne en rond dans la maison
À la recherche de ses oublis
Son entourage se pose des questions

Elle range les choses à la mauvaise place
Oublie le repas sur le feu
Ses erreurs la glacent
Souvent elle pleure, son mari est malheureux

Son état s’aggravant, on devra la placer
Son désarroi sera très grand
Mais elle sera bien encadrée
Par un personnel dévoué et compatissant

Et toujours, le mal progressera
Ses paroles ne répondront plus aux questions
Parfois quelques moments de lucidité et ce sera la détresse
Pour son esprit, tout sera confusion

Elle ne verra pas grandir ses petits-enfants
Ne pourra plus apprécier les beautés de la vie
Son corps deviendra plus fragile en vieillissant Quelle terrible maladie que de perdre l’esprit

L'illusion d'une éternelle jeeunesse


 
 L’illusion d'une éternelle jeunesse

Dieu fit la douce illusion
Pour les heureux fous du bel âge
Pour les vieux fous l’ambition
Et la retraite pour les sages.

Que ne met-on pas à notre portée
Pour avoir l’illusion de la beauté
Teinture pour les cheveux
Maquillage pour les yeux
Pour avoir un teint de pêche
Fond de teint et poudre sèche
Lèvres pulpeuses, pommettes saillantes
Le botox remplira ces exigences
Quelques rides apparaissent ?
La chirurgie et ça presse
Une solution d’eau salée
Comblera une poitrine désavantagée
Une ou deux côtes en moins
Vous serez mince, c’est certain
L’électrolyse, quelle merveille
Pour une pilosité de pucelle
Cette beauté toute en artifices
Obtenue par tant de sacrifices
Jamais je le confesse
Ne remplacera la jeunesse.

Sculptures de l'abbé Fourré

     Voici donc l'été des vacances, l'époque de transhumance (enfin, pour les plus chanceux d'entre nous parce que l'étau du travail se resserre de plus en plus, même sur ceux qui n'en ont pas, en chercher, ou simplement survivre étant une autre forme d'aliénation). Et donc, pour ceux qui partent, si vous allez du côté de Rothéneuf, à côté de St-Malo, allez donc regarder de plus près ce qui subsiste des sculptures de l'abbé Fourré.
Fouré-sculptant,-carte-pano.jpg

     Le temps passant, on le sait, les roches sculptées il y a plus d'un siècle à présent (de 1894 à 1908) s'estompent toujours plus, certaines ayant disparu depuis longtemps (voir carte ci-dessous).
Escalier-des-rochers-sculpt.jpg

Sur cette carte colorisée, on aperçoit de dos des statues de Bretonnes, épouses fouillant du regard l'horizon dans l'attente du retour de leurs maris marins ; les deux femmes représentées en pied et peintes en blanc (l'abbé on le sait peignait ses statues) ont aujourd'hui disparu, sans qu'on sache exactement à quelle époque ; on notera cependant leurs emplacements, en hauteur, disposées qu'elles sont sur des sortes de socles de roches faisant piédestal ;
    C'est pourquoi les touristes qui passent ayant de plus en plus de mal à discerner les sculptures, chaque jour qui passe les ayant passablement érodées, et confondu avec le commun des autres roches de la falaise, les touristes se concentrent logiquement sur ce qu'ils peuvent plus facilement voir, certaines têtes restées nettement visibles et comme placées en évidence, trois en particulier, une de forme triangulaire avec son menton en pointe de botte, une avec un bonnet de marin à moins que ce ne soit d'un lutin (nain de mer au lieu de nain de jardin?), et une autre belle tête de vieux loup de mer, barbu.
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Abbé Fourré, tête de profil triangulaire, ph. Bruno Montpied, 2010
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Abbé Fourré, l'homme au bonnet (de marin ou de lutin), 2010

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Abbé Fourré, le barbu les yeux clos (?),  2010



    Ces trois-là sont de la belle sculpture savante, taillée avec maestria et inspiration. Justement... Tout à coup, depuis quelque temps, cela me rend perplexe. Si les autres sculptures, correctement déchiffrables sur les anciennes cartes des années 1900 et parfois encore aujourd'hui ici ou là, montrent que l'abbé parvenait dans son art à un certain réalisme puissant, appuyé toujours sur la forme naturelle donnée au départ par la roche brute, ces trois sculptures-là sont d'un style plus affirmé, infiniment moins rognoneux que les autres, plus rondes généralement (il paraît que Raymond Humbert, le fondateur du musée d'art populaire de Laduz, trouvait ces formes assez analogues à des étrons, que l'on me pardonne cette digression peu romantique). Et puis, autre argument qui accentue ma perplexité parce que plus frappant, on ne les voit apparaître sur aucune carte éditée du vivant de l'abbé (et même après, dans les années 20-30)...


     Alors? Qu'est-ce à dire? Ne serait-ce pas qu'elles sont "arrivées" sur le site à une époque bien ultérieure, dans la seconde moitié du XXe siècle, après la seconde guerre, de façon posthume donc, transportées là par l'exploitant des rochers de l'époque qui reprenait l'exploitation des Rochers après l'occupation de Rothéneuf par les Allemands, le fameux Henri Brébion, auteur d'une brochure appelée "la Légende des Rochers Sculptés" où il se livre à des interprétations fantaisistes purement subjectives (reprises ensuite à l'envi par tant de plumitifs peu rigoureux jusqu'à nos jours) sur une histoire de famille de corsaires qu'aurait voulu représenter l'abbé dans ces rochers? Il aurait pu, de même que dans ses "légendes", dans l'agencement des sculptures sur le site originel, se livrer à des modifications en voulant "l'améliorer"...? Si mon hypothèse se révélait fondée, il faudrait alors s'interroger sur celui qui a réellement sculpté ces trois pièces. Est-ce bien l'abbé lui-même qui les aurait stockées à part? Dans ce cas, où étaient cachées ces sculptures que l'on ne voit ni sur les cartes des rochers début 1900 ni sur les cartes montrant l'intérieur du musée de l'ermite dans le bourg? Est-il possible d'imaginer que l'abbé les a sculptées à part et planquées, remisées sans jamais les laisser se faire photographier? 

Connaissant son goût de la communication via les éditeurs de cartes postales (il en existerait environ 400 paraît-il), cela paraît curieux à tout le moins, d'autant que ces sculptures paraissent les plus belles parmi celles qu'il a faites (trop belles?). On notera enfin qu'elles occupent aujourd'hui une position en hauteur, ou à tout le moins des emplacements situés de façon à bien les voir, comme si elles avaient été destinées à remplacer les statues des femmes bretonnes en train de guetter disparues à un moment donné (vol ? Déplacement ? Destruction ?).
Peut-on imaginer que ces trois têtes sculptées soient le résultat d'une manipulation restée inaperçue, et qu'elles soient en bref dues au ciseau d'un autre sculpteur? Je lance l'hypothèse...  Plaque photographique en verre réalisée par un anonyme, probablement une plaque de projection (positif sur plaque de verre), 8,5 x 10 cm: j'aurais envie de dater la photo entre 1910 et 1920, après 1918 en tout cas, vu les vêtements portés par les visiteurs des rochers, et donc après la mort de l'abbé Fourré (il semble que de son vivant il ne laissait pas souvent les photographes travailler sans sa présence sur les clichés ; il existe cependant des photos sur certaines cartes postales où il ne figure pas...) ; je rappelle que sa mort date de 1910 ; un autre détail milite pour une année d'après la mort de l'abbé, les piquets, troncs d'arbustes, qui servent de balises pour les sentiers où passer pour se rendre jusqu'aux moindres détails des roches sculptées ; il me semble que ces piquets apparurent du temps des exploitants des Rochers, la famille Brébion, soucieuse sans doute de sa responsabilité vis-à-vis des estivants qui s'aventuraient sur ses rochers peu faciles à arpenter, parfois glissants...
abbe-foure-photo-Leduc005.jpg
abbé fouré,rochers sculptés de rothéneuf,ermite de rothéneuf,plaque de verre photographiques positives 

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Le bras de mer à marée haute, vu depuis les rochers et du gisant de St-Budoc, là où se trouvaient les figurants de la plaque de verre récupérée par moi auprès d'un ami brocanteur ; c'est sur ses rochers situés en face des rochers sculptés qu'était placé le photographe
   
Qu'est-elle devenue, cette jeune fille dont le visage reflétait ce jour-là, pour le photographe situé par delà le gouffre, de l'autre côté du ressac, une expression peu commode? La photo paraissait faite pour eux, elle en robe légère, car il devait faire chaud) et son compagnon à la cravate nichée étroitement dans un haut col dur (qui devait passablement l'étrangler), ainsi que pour deux femmes sur leur gauche, moins concernées semblait-il...
photo-Leduc-1-autre-recadre.jpg

Les deux femmes à droite, un peu avachies, accompagnaient-elles le couple qui faisait face au photographe?

   Les plaques photographiques positives sur verre de taille 8,5x10 cm, ancêtres des diapositives, ont, paraît-il été utilisées fin XIXe début XXe siècle, avec possibilité d'avoir duré jusqu'en 1920-1930, ce qui paraît possible ici justement. Sur cette vue, les rochers sculptés ont bien moins d'importance que les humains, contrairement à beaucoup d'images, par exemple dans les cartes postales plus connues sur ces rochers taillés par le fameux abbé Fouré, dont j'ai déjà eu maintes fois l'occasion de parler .


     De tous ces figurants des temps enfuis, reste-t-il le moindre survivant? Ils ont toutes les chances d'être partis au pays des fantômes, hormis peut-être la petite fille devant le gisant et le tombeau de Saint-Budoc, le patron de l'ermite, qui donne la main à sa mère prudente, et qui tient de l'autre peut-être un cornet de glace qu'elle déguste avec concentration... Si la photo date de 1920, elle aurait 100 ans aujourd'hui, car je lui suppose six ans à l'époque du cliché. Elle n'aurait de toute façon pas pu avoir de souvenirs de l'abbé, étant née après sa disparition. C'est du reste rappeler qu'il n'y a plus aujourd'hui la moindre chance de rencontrer encore quelqu'un qui aurait pu rencontrer l'abbé, du genre de ce vieil homme qui raconta dans les années 80 à un jeune homme que je croisai dans les rues de Rothéneuf (dans les années 90) qu'il se souvenait de l'ermite qui l'avait pourchassé dans les rochers, parce que l'enfant qu'il était alors avait commis quelque déprédation sur les sculptures sans doute. L'abbé courait après lui en poussant des sortes de borborygmes, en rapport peut-être avec sa surdité... Cette anecdote me pousse toujours à me représenter  l'abbé tel une sorte de Quasimodo grotesque poursuivant simiesquement les importuns en sautant de roche en roche...
   
Non, tout n'est pas dit sur l'abbé Fourré, ses rochers et ses bois sculptés, sa bonne (oui, il avait une bonne du curé, comme nous l'a appris le livre paru récemment de Jean Jéhan, elle s'appelait Marie Lefranc et maintenant à Rothéneuf, les fins limiers de l'Association de Joëlle Jouneau sont à la recherche de ses descendants, avis à la population, s'il y en a un qui surfe sur internet, il est le bienvenu ici)... Tout n'est pas dit, et loin de là
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L'abbé Fourré lisant, vers 1906, son journal réactionnaire favori (Le Salut, devenu collaborateur pendant la guerre ultérieure de 39-45, si je me souviens bien...) ; à sa gauche, à terre on distingue le gisant d'un homme d'épée avec hermine à sa tête (symbole de la Bretagne), et inscription en latin "Olim fuit" ("Il fut, jadis")

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Photo Bruno Montpied, 2010



    En particulier, les amateurs se rappellent le gisant sculpté par l'abbé situé à quelque encablures du site principal des rochers, sur le chemin des douaniers (ou des contrebandiers, selon l'idéologie que l'on défend...), soit dans une zone pour laquelle personne n'eut jamais l'idée saugrenue de faire payer un droit de péage. A ce propos, on peut toujours s'étonner de la rupture qui est faite au niveau du site des Rochers sculptés de ce chemin qui aurait dû normalement suivre le littoral, or il a été détourné, et ce depuis des lustres, à la suite d'on ne sait quel passe-droit apparemment. Mais revenons à nos moutons et en l'occurrence au site actuellement appelé "de la Croix du Christ" (et anciennement appelé "de la Croix de l'Ermite", croix qui du reste était plantée à un endroit plus éloigné de quelques mètres de l'emplacement actuel).
Vue-de-la-Croix-depuis-les-.jpg

Emplacement de la Croix du Christ, vue zoomée depuis les rochers, 2010
      Il a été dit par Frédéric Altmann dans son livre de 1985, La vérité sur l'abbé Fourré , que le gisant situé à côté de la croix était à n'en pas douter un certain "Saint-Judicaël, roi de Dommonée"... Il ajoute que ce n'est pas "Jean, duc de Bretagne", qu'il qualifie (légèrement, comme on va le voir) "d'inscription fantaisiste". De cette affirmation, il n'apporte aucune preuve (d'où sort-il cet invraisemblable Judicaël, je me le demande depuis des lustres?). Du coup, Jean Jéhan, dans son propre récent livre, lui emboîte allégrement le pas sur ce détail. Altmann apporte cette affirmation aux pages 113 et 114 de son livre. Il reproduit une carte qui ne porte pas le cachet de l'abbé (celui-ci authentifiait ses cartes avec un cachet surtout -je pense- pour contrer le commerce de cartes non autorisé par lui), carte où l'on peut lire, en guise de légende du gisant: "Rothéneuf, rochers sculptés. Jean, duc de Bretagne". Voir ci-dessous:

Jean-Duc-de-Bretagne-carte-.jpg

     Certes, il n'y a pas le cachet de l'abbé. Altmann veut y voir une preuve que la carte est légendée de façon suspecte ; or, même si le commerçant qui l'édita ne paya pas de droits à l'abbé, cela n'implique pas qu'il ait mal travaillé automatiquement dans les légendes qu'il imprimait. Il fallait trouver un indice plus stable pour confirmer ou infirmer cette légende. La preuve que la légende est correcte m'a été enfin fournie par une autre carte que j'ai découverte tout récemment  et que je ne me souviens pas avoir vue éditée ailleurs. Je la reproduis ci-dessous:
Jean-IIII-Duc-de....jpg

    Ah, bien sûr, ce n'est pas évident à déchiffrer, surtout sur un écran d'ordinateur peut-être. La photo sur la carte n'est pas de très bonne qualité qui plus est. Alors, la maison ne refusant rien à ses lecteurs, je m'en vais vous l'agrandir en entourant d'un trait photoshoppeur l'inscription tracée à la main sur le rocher situé à gauche prés du gisant, ce même rocher contre lequel l'abbé s'appuie sur la carte où il lit "le Salut". Car, oui, il y a bel et bien une inscription!

Jean IIII Duc de, inscrip soulignée.jpg

    Sur ce rocher, l'inscription, tracée de la main de l'abbé (la graphie est assez proche d'autres inscriptions qui étaient visibles autrefois sur le site des rochers, voir ci-dessous), peut se reconstituer ainsi: "Jean IIII (ou IV), duc de Bretagne"... L'abbé maîtrisait-il mal les chiffres latins? On croit lire en effet quatre I, mais peut-être est-ce seulement la faute à l'imprécison de la photo. Il me semble que nous avons là une preuve à peu prés certaine du sens que prêtait l'abbé à son gisant. On sait en effet (grâce à l'historien régionaliste Noguette, alias Eugène Herpin, qui se fit le mémorialiste partiel de l'abbé), que l'abbé était entiché de patriotisme breton. L'histoire de ce "Jean IV" ne pouvait que le retenir. Chef de la Bretagne, il en avait été chassé par le  roi de France Charles V en 1378, qui voulait réunir la Bretagne à sa couronne. Jean IV avait dû s'exiler en Angleterre. Rappelé par les nobles bretons, il débarqua à Dinard (comme on sait ville toute proche de St-Malo), fit la guerre à Charles V et reconquit la Bretagne. Ces faits d'armes (encore chantés aujourd'hui en Bretagne paraît-il, voir Gilles Servat) ont dû grandement impressionner l'abbé!

Graphie Fouré.jpg

Inscriptions qui se lisaient dans les rochers du vivant de l'abbé, apposées par lui ou en tout cas avec son accord, décrivant des personnages qui semblent avoir été inventés par l'abbé qui rêvait sur les anciens habitants de Rothéneuf ; leurs noms étaient apposés au-dessus des personnages sculptés qu'ils étaient chargés de légender, au nombre desquels se trouve un Jacques Cartier ; à noter aussi que le chiffre latin IV est correctement orthographié ici ("Jean IV fainéant"...) ; la graphie paraît très proche de celle du rocher du gisant
Sceau_de_Jean_IV_-_Duc_de_Bretagne.png
Sceau de Jean IV, Duc de Bretagne ; on notera les hermines sur son écu et son pourpoint, ainsi que l'épée, deux détails que l'on retrouve sur le gisant sculpté par l'abbé

     A noter que l'association des amis de l'œuvre de l'abbé Fourré, animée par Joëlle Jouneau, se propose de faire nettoyer dans les mois qui viennent cette fameuse sculpture de gisant qui actuellement devient difficile à "lire", étant donné les nombreux lichens qui la couvrent.

Une curiosité a découvrir




                                Arbre sculpté à Saint jean de Port-joli au Québec (canada)

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Comment se faire aimer




Pour me faire aimer, j’ai vraiment tout essayé. J’ai même changé de personnalité. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai acheté la paix, même si cette paix me troublait. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai pris tous les blâmes sur moi, même si je n’en étais pas la cause. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai tout accepté, même de pardonner l’impardonnable. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai accepté de me faire blesser verbalement sans jamais riposter. J’ai saigné abondamment et j’ai léché mes plaies. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai consenti à me faire rabaisser plus d’une fois. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, je n’ai rien dit afin de vous protéger et j’ai tout enduré. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, je vous ai comblés de cadeaux et vous en avez largement profité. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, je vous ai donné du temps que je n’avais pas. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai toujours fait les premiers pas, même si vous savez pertinemment que c’était à vous de les faire. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai essayé de vous faire comprendre tout en douceur, de différentes façons, mon besoin de vous, mon besoin de votre amour. Mais ça n’a rien donné.
Pour me faire aimer, j’ai finalement compris, après plusieurs années de travail acharné, que c’était moi que je devais tout simplement… aimer
 
                         « S’aimer soi-même est le début d’une histoire d’amour
qui durera toute la vie. » 






Comment trouver la tranquillité



 Un matin, frère Valentin qui n'avait pas bien dormi, vint trouver l'abbé Guillaume, vieil homme empli de sagesse :

— Père, dites-moi une parole, comment trouver la tranquillité ? Partout le monde est agité par la haine et quand ce ne sont pas les guerres que les hommes fomentent, ils se vautrent dans les vices les plus noirs. Dites-moi, père, comment devenir meilleur et ne pas suivre ce mauvais exemple ?

Le vieillard lui dit: — Va au cimetière et injurie les morts.

Le frère Valentin, quelque peu étonné, se mit pourtant en marche vers le cimetière. Il fit grincer le petit portail et se posta au beau milieu des tombes. D'abord timidement puis plus franchement, il injuria les morts et finit même par leur jeter des pierres…

Il revint informer l'abbé Guillaume de son étrange exploit. Celui-ci lui demanda:
— Et alors ils ne t'ont rien dit ?
— Non.

Le vieillard lui dit: — Retourne les voir demain et adresse-leur des louanges.

Le frère, toujours aussi incrédule, se mit en route le lendemain dès matines, cueillit quelques fleurs sur le bord du chemin et entra dans le cimetière silencieux.

Il défila entre les tombes, déposant ça et là une fleur, louant les morts par ces mots: « Apôtres, saints, justes, vous êtes bénis de Dieu, illustres ancêtres, exemples parmi les exemples ! »

Puis il revint au monastère, devant la cellule de l'abbé, frappa timidement à la porte et entra :
— Ci-fait mon Père, je les ai loués.

Le vieillard lui demanda :
— Ils ne t'ont rien répondu ?
— Non.

L'abbé Guillaume sourit et lui dit alors :

— Cher Valentin, tu sais toutes les injures que tu leur a dites et ils ne t'ont rien répondu, toutes les louanges que tu leur a adressées et ils ne t'ont rien dit; de même, toi aussi, si tu veux être tranquille, tenir le péché éloigné et la colère enfouie, sois sur cette terre à l'image d'un cimetière silencieux aux tombes apaisées, ne tenant compte ni de l'injustice des hommes, ni de leurs louanges.

Quand devient-on vieux



Quand devient-on vieux

À six ans, je pensais, je m'en souviens très bien, que tous étaient vieux sitôt les dix ans atteints; mais lorsque furent mes dix ans bien sonnés, c'est à quinze ans que je voyais la maturité; puis, longtemps après, lorsque j'attrapai mes quinze ans, je croyais qu'on était vieux à 21 ans seulement…

Mais lorsque je fus bientôt arrivé à cet âge, j'opinais qu'à 30 ans on doit devenir sage; puis, une fois rendu à 30 ans, c'est curieux, je disais : « C'est à 40 ans qu'on devient vieux. »

Mais la quarantaine vint et, tout fringuant; « Alors, me dis-je, ça doit être à 50 ans ? » puis arrivé à cet âge, je résolus qu'on est jeune jusqu'à 60 ans révolus.

Mais voici que j'en ai 70 des ans, et me trouve aussi jeune qu'à sept quasiment, bien sûr, mes cheveux sont un tantinet gris, et je marche un peu courbé aussi; il est vrai que mes garnements, suivant mes pas, me disent parfois : « Dépêche-toi, grand-papa ! »

Malgré tout, je suis aussi jeune maintenant, qu'aux jours où je croyais les gens vieux à dix ans. Un peu assagi, peut-être par les années, et peut-être quelques illusions envolées, malgré le poids des ans, dis-moi,
ô mon Dieu, quand est-ce qu'on devient vraiment vieux ?…