jeudi 26 juin 2014

Inaya la petite orpheline : conte pour enfant



                                                          
                                            Inaya la petite orpheline


Il était une fois une pauvre petite orpheline qui vivait parmi des hommes durs dans le Nord du Canada, un endroit qui s'appelle aujourd'hui le Nunavuk. Son nom était Inaya. Elle habitait avec sa vieille mère adoptive dans une misérable cabane, à côté du portail d'une grande maison où elle n'avait pas le droit d'entrer. A vrai dire, Inaya n'osait même pas pénétrer dans la cabane, et elle restait couché sur le seuil, cherchant une place chaude parmi les chiens. Lorsque, le matin, les hommes de la grande maison éveillaient leurs chiens avec des coups de cravache, la pauvre petite fille en recevait aussi. Comme elle avait mal, elle criait: "Nah, nah, wa, wa, wa!" et tous se moquaient d'elle, parce qu'elle se comportait comme un chien.

Lorsque les hommes de la grande maison se mettaient à manger toutes sortes d'aliments congelés, de la chair ou de la peau de morse, la petite Inaya les regardait avec envie de son coin, son estomac faisait des noeuds. De temps en temps, ils la faisaient venir, en la soulevant par ses oreilles. Ils lui jetaient quelques restes de viande congelée, mais sans lui donner de couteau pour la couper. Elle était obligée de se servir de ses dents, comme un chien ! Un jour, par cruauté et par bêtises, les hommes de la grande maison, lui arrachèrent une dent sur deux sous prétexte qu'elle mangeait de trop. La vie qui était déjà bien difficile devint insupportable pour Inaya dont les grands yeux noirs imploraient la clémence des dieux.

Sa mère adoptive qui était brave et bonne lui avait donné des souliers et une petite lance, pour qu'elle puisse jouer dehors, devant la maison, avec les autres enfants. Mais ceux-ci la jetaient à terre, car ielle était resté petite,  faibl et de plus ils la trouvaient laide. Ils la roulaient dans la neige puis ils emplissaient ses habits, et la maltraitaient cruellement. Les fillettes aussi, lui jetaient de la neige et de la boue. Ainsi, la pauvre petite fille était tourmenté de tous les côtés.

Avec le temps, elle prit de l'âge et se risqua à s'éloigner davantage de la maison, jusque dans les montagnes. Elle cherchait des lieux isolés et réfléchissait à la façon de devenir forte. Sa mère adoptive avait bien essayé de lui apprendre mais Inaya, comme tous les enfants devait faire ses expériences toute seule.
Un jour, elle se plaça entre deux hautes montagnes et cria:
 

-"Seigneur de la Force, viens à moi ! Seigneur de la Force, montre-toi à moi !"
Un grand ours parut. Inaya fut tellement effrayée et qu'elle se mit à courir, mais le monstre la rattrapa et la jeta à terre violemment. Elle était incapable de se relever. Elle entendit soudain craquer quelque chose, et  elle aperçut une quantité d'os de chien marin, pareils aux osselets dont se servent les enfants pour jouer dans la cour de l'école. Les petits os tombaient de son corps comme l'eau tombe de la cascade. L'ours lui dit: "Ces petits os ont empêché ta croissance." Il frotta sa queue autour du corps de la petite fille  et, pour la seconde fois, de petits os s'en échappèrent. Il recommença une troisième, une quatrième et même une cinquième fois et à chaque opération, des petits os tombaient sur le sol. L'ours lui dit:
 

-"Si tu veux devenir grande et forte, tous les jours tu dois venir t'exercer à la lutte avec moi."
Inaya s'en retourna chez elle, soulagé, elle venait de rencontrer un véritable ami. Elle courut, même, en faisant rouler des pierres sur sa route. Lorsqu'elle approcha de la maison, des fillettes crièrent:
-"Voilà Inaya. Jetons-lui de la boue!" Et les garçons la frappèrent et la tourmentèrent comme auparavant. Elle, se laissa faire et alla se coucher, comme à son habitude, entre les chiens.


Tous les jours, elle rencontrait l'ours et s'astreignait à chaque fois aux mêmes exercices. Chaque jour, elle se sentait devenir plus forte. Elle roulait maintenant de véritables blocs de rochers sur la route. Elle devenait plus forte de jours en jours. Enfin, l'ours ne fut plus en mesure de la vaincre, et lui dit:
 

-"C'est assez maintenant ! Nulle créature humaine ne pourra plus triompher de toi. Continue encore à t'en tenir à tes anciennes habitudes, mais, quand l'hiver sera venu et que la mer sera gelée, il sera temps de montrer ta force. Alors, trois ours puissants paraîtront, qui tomberont de ta main."

Un jour d'automne, les hommes de la grande maison rapportèrent sur l'eau un gros tronc d'arbre flottant, qu'ils attachèrent à quelques blocs de pierre sur la plage car ils le trouvaient bien trop lourd pour l'emporter immédiatement. A la nuit tombante, Inaya regaedant ses muscles puissants,  dit à sa mère adoptive:
 

- "Donne-moi mes souliers, mère, afin que je puisse aller voir ce bois."
Dès que tous furent couchés, elle s'en fut vers la plage, délia les attaches, jeta le tronc d'arbre sur ses épaules et le porta derrière la maison où elle l'enfouit profondément dans le sol.
Lorsqu'au matin, un des hommes sortit, il s'écria:
 

-"Le bois est parti!" Les autres le rejoignirent et virent que les attaches avaient été rompues et ils étaient très surpris, car le bois avait disparu et cependant ni les flots ni le vent n'avaient pu l'emporter. Mais, une vieille femme, qui passait là par hasard, dit soudain:
 

-"Voyez donc, le tronc est là!" Tous accoururent, poussèrent de grands cris et s'exclamèrent: --"Certes, il doit y avoir parmi nous un homme d'une force exceptionnelle! " Et chacun d'eux se rengorgea pour faire croire que c'était lui.

Au début de l'hiver, Inaya fut encore plus maltraitée que par le passé par les habitants de la grande maison, voisine de la cabane de sa mère. Mais elle ne modifia en rien sa manière de se comporter, elle continuait à dormir parmi les chiens afin de ne pas éveiller de soupçon. Lorsque la mer fut toute recouverte de glace, la chasse aux phoques fut interrompue et, quand les jours redevinrent plus longs, des hommes accoururent annonçant qu'on avait aperçu trois ours polaires escalader un glacier. Personne n'osa sortir pour aller les combattre. L'heure d'agir était venue pour Inaya.
 

-"Mère, dit-elle, donne-moi mes souliers, je veux aller voir ces ours." Sa mère adoptive s'inquiéta mais lui jeta cependant ses souliers et dit
 

-"Dans ce cas, rapporte-moi, du moins, une peau d'ours pour couverture, et une autre pour me coucher dessus." Elle prit les souliers, mit ses hardes sur son corps, et s'élança à la rencontre des ours. Les hommes, qui se trouvaient devant leur maison, crièrent:
 

-"Quoi ? N'est-ce point Inaya? Que peut-elle bien vouloir faire? Qu'elle retourne chez elle ! " Et les jeunes filles dirent:
 

-"Elle est devenu folle !" Inaya se fraya un chemin à travers les habitants du village comme s'ils n'étaient qu'un tas de petits poissons. Elle se mit à courir. Elle était tellement légere que ses talons semblaient toucher sa nuque, et la neige en tourbillonnant étincelait de toutes les teintes de l'arc-en-ciel en se dispersant sous ses pas. Elle monta tout en haut du glacier à la force de ses bras. Soudain, sans savoir d'où il venait, un ours énorme leva une patte vers elle. Inaya se tourna une fois sur elle-même, saisit l'animal par ses pattes de devant et le jeta contre le glacier, de sorte que les os s'y écrasèrent et le corps de l'ours tomba en bas, sur la glace, aux pieds des assistants, les villageois qui l'avaient suivi. Elle leur cria:
 

-"C'est là ma première capture! Enlevez-lui la peau et dépecez-le." Les gens pensèrent:
-"Le second ours la tuera sûrement! "
 

Une fois encore, le spectacle se répéta, et le corps du second animal fut jeté sur la glace. Puis vint le troisième ours. Inaya le saisit par les pattes de devant, le fit tournoyer au-dessus de sa tête et en frappa l'un des hommes qui s'était approché d'elle. Aussitôt Inaya s'écria:
 

-"Celui-ci s'est conduit cruellement et injustement avec moi!" Il frappa un second homme en hurlant:
 

-"Celui-ci m'a traité encore plus mal, il m'a laissé avoir faim." Puis il frappa un troisième, un quatrième, un cinquième homme et tous se mirent à fuir, saisis d'une épouvante sauvage.
Mais elle arriva derrière eux et alla vers sa mère adoptive à qui elle  remit les deux peaux d'ours, en disant:
 

-"Voici une peau pour ton lit et une autre pour t'en couvrir." Puis elle lui ordonna de dépecer la chair du troisième ours et de la faire cuire.

Les habitants de la grande maison la prièrent d'entrer dans leur demeure. Mais elle ne fit que jeter un regard par-dessus le seuil, selon son habitude, et dit:
 

-"Je n'entrerai pas, à moins que l'un de vous ne vienne me soulever par les oreilles, comme auparavant." Personne n'osa plus le faire, maintenant; sa vieille mère adoptive s'approcha alors d'elle et le fit. Tous étaient soudain très aimables avec elle. L'un dit:
 

-"Approche-toi donc un peu plus !" L'autre:
 

-"Ne te mets donc pas là-bas où le banc est nu. Il y a là une meilleure place pour toi,  Inaya." Mais elle refusa toutes ces invitations et prit place sur le banc de pierre. Quelques-uns lui dirent:
 

-"Nous avons des souliers pour toi Inaya." D'autres:
 

-"Voici des vêtements chauds  pour toi." Et les jeunes filles rivalisaient à qui offrirait de lui coudre des vêtements. Un homme ordonna à l'une d'elles d'apporter de l'eau pour "notre cher Inaya". Lorsque la jeune fille revint - c'était l'une de celles qui l'avaient le plus cruellement tourmenté et taquiné - elle l'attira contre elle et la serra si fort qu'elle l'écrasa comme une vermine. Alors, elle dit:
 

-"Il me semble qu'elle s'est écrasée". Mais les parents de la jeune fille dirent:
 

-"Oh! cela ne fait rien ! Elle ne valait d'ailleurs pas grand chose. Et nous avons d'autres enfants encore." Ensuite, quand les garçons entrèrent dans la salle, elle les appela et leur fit de même. Elle tua tous ceux qui l'avaient maltraité et tourmenté, et toujours, les parents disaient:
 

-"Oh! cela ne fait rien ! Il ne valait pas grand chose. Il ne faisait que jouer!" Ainsi, Inaya continua à supprimer tous ceux qui l'avaient maltraité et elle ne s'arrêta que lorsque tous furent tués de sa main.

Quant à ceux qui avaient été bons pour elle, car comme partout il y en avait, elle fut bonne pour eux, elle aussi. Elle répartit entre les affamés ce que les hommes de la grande maison avaient mis de côté pour l'hiver. Elle s'occupa des pauvres et s'en alla loin sur la mer, dans son kayak, pour les servir. Elle s'en alla vers le Sud, vers le Nord, vers l'Est, vers l'Ouest et accomplit de hauts faits. Aujourd'hui encore, on se montre les traces de ses actes héroïques, - ce qui prouve que l'histoire d'Inaya retint toutes les attentions et ce que personne dans le village ne savait c'est que tous les enfants qu'ils croyaient tués par les mains d'Inaya, vivaient en réalité dans un monde où ils étaient comme des rois. Tous ces enfants qui ne manquaient à personne devinrent les rois d'un monde nouveau où la cruauté et la méchanceté étaient bannies.

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