lundi 14 juillet 2014

A l'amie qui s'en va : poeme d'Alfred de Musset


Ainsi, ma chère amie, vous allez donc partir !

Adieu ; laissez les sots blâmer votre folie.

Quel que soit le chemin, quel que soit l’avenir,

Le seul guide en ce monde est la main d’une amie.

Vous me laissez pourtant bien seul, moi qui m’ennuie.

Mais qu’importe ? L’espoir de vous voir revenir

Me donnera, malgré les dégoûts de la vie,

Ce courage d’enfant qui consiste à vieillir.

Quelquefois seulement, près de votre maîtresse,

Souvenez-vous d’un coeur qui prouva sa noblesse

Mieux que l’épervier d’or dont mon casque est armé ;

Qui vous a tout de suite et librement aimée,

Dans la force et la fleur de la belle jeunesse,

Et qui dort maintenant à tout jamais fermé.

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