mardi 1 juillet 2014

Le prince de la pluie : conte pour enfants

 Le prince de la pluie

Il y a très très longtemps, un homme et son fils vivaient dans une cabane au fin fond des forêts éthiopiennes, là où personne ne va presque jamais. Autrefois, l'homme avait été marié mais sa femme était morte en donnant le jour à leur fils. Son chagrin avait été tellement grand qu'il décida de ne plus vivre parmi les hommes. Il voulait vivre seulement avec son chagrin et son fils Davy.
 

Un jour, il s'enfonça profondément dans la forêt et y construisit une simple cabane pour eux deux. Davy grandit en solitaire. Son père lui apprit toutes les choses de la vie : à marcher, à parler, à chasser et à pêcher, mais hélas, Davy ne rencontrait jamais personne.
 

Dans ce coin perdu de la forêt, il pouvait tout au plus apercevoir quelques voyageurs égarés. Fort heureusement, père et fils s'entendaient bien. Le père de Davy était un homme bon et doux qui aimait beaucoup son fils. Il en était également très fier, car Davy devenait un beau jeune homme qui assimilait à merveille tout ce que son père lui enseignait.

Lorsque Devi eut atteint l'âge de dix-huit ans, une sécheresse épouvantable s'abattit sur le royaume voisin d'Anga. La pluie n'était plus tombée suffisamment depuis plus d'un an et chacun commençait à s'inquiéter. Les fermiers se plaignaient de leurs champs asséchés et l'eau des rivières ne suffisait pas à donner à boire à tous les habitants, les animaux et les cultures du pays. La famine ne tarderait donc pas à s'abattre sur le pays tout entier.
 

Le roi était au désespoir. Il avait convoqué plusieurs sages afin de le conseiller.
 

L'un dit :
 

- Que tous les hommes qui possèdent un âne aillent chaque jour chercher deux sacs d'eau dans la mer afin d'irriguer les champs.
 

Un autre répondit :
 

- Non, Sire, cela ne se peut, car l'eau de mer nuit aux plantes. Elles mourront tant à cause du sel qu’à cause de la sécheresse.

Un autre encore voulait faire sortir tous les animaux du pays, afin qu'il y ait davantage d'eau potable pour les hommes et les cultures, mais le roi refusa à nouveau.


Aucune des solutions proposées n’étaient bonnes. Il fallait tout simplement que de l'eau de pluie fraîche et limpide tombe du ciel pour que le pays tout entier en ait à nouveau en suffisance.


- Sire, il n'y a qu'une seule solution, dit un conseiller âgé et sage. Cherchons un jeune homme pur et intact, un jeune homme qui n'ait jamais fait de mal et qui n'a que de bonnes intentions. Ramenons-le à Anga et il pleuvra.


Les autres conseillers approuvèrent d'un signe de tête. Puisque seule de la vraie pluie pourrait satisfaire le roi, c'était la meilleure des solutions.


Seul un jeune homme pur saurait contenter les dieux du temps. C'était une vérité vieille depuis des siècles ; restait à savoir où le trouver !


Anga grouillait de jeunes gens, mais aucun d'eux n'était entièrement pur de corps et d'esprit.
 

- J'en connais bien un, dit un gentil conseiller en se caressant la barbe. C’était un homme qui était originaire du même village que le père de Davy et connaissait son histoire et celle de son fils. Il la raconta au roi et aux autres conseillers.
 

- Je crains cependant que le père n'accepte jamais que nous ramenions son fils à Anga, dit-il, découragé.
 

Le roi réfléchit un instant. Soudain, son visage s'éclaira.
 

- Je connais le moyen de faire venir ce jeune garçon à Anga, dit-il en riant. Avez-vous donc oublié que j'ai une fille ? Elle est la plus belle du pays et, en plus, elle est intelligente. Si je lui explique l'affaire, elle fera de son mieux et je ne doute pas un instant qu'elle ne parvienne à persuader ce jeune garçon de l'accompagner.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le roi parla immédiatement à sa fille qui trouva très amusante l'idée de séduire un gentil garçon avec l'accord de son père.
 

- Est-il très beau ? demanda-t-elle avec curiosité.
 

- Tu le verras toi-même, répondit le roi avec impatience. Tu n'as pas à l'épouser de toute façon.
 

La princesse préféra ne pas répondre et commença immédiatement à préparer ses valises pour ce long voyage. Le conseiller lui expliqua où et dans quelle partie de la forêt elle devrait chercher le jeune homme.
 

- Essaie de n'attirer que son attention à lui, car si son père le remarque, notre ruse échouera  lui dit le conseiller, alors que la princesse était déjà à cheval. Il veut seulement vivre tranquillement avec son fils dans la forêt.

Après un long et pénible voyage, la princesse arriva enfin à l'orée de la forêt où vivaient Davy et son père. La princesse descendit de cheval, revêtit sa plus jolie robe et se faufila à travers la végétation touffue jusqu'au fin fond de la forêt. 


Soudain, elle entendit des voix. Elle se dissimula rapidement derrière un gros arbre. juste à temps, car le père de Davy était sur le point d'aller chercher des fruits dans la forêt. Il adressa quelques mots à son fils.
 

- Je serai de retour avant le coucher du soleil, lui entendit dire la princesse. D'ici là, nettoie la cabane et mets une bouilloire sur le feu.

Sur ces mots, il partit. La princesse patienta quelques minutes pour plus de sûreté et se dirigea à pas feutrés vers la cabane. De l'intérieur, on entendait le bruit du balai qui fouettait le sol. Le jeune garçon était manifestement obéissant et courageux.
 

- Bonjour! dit la princesse doucement.
 

Un garçon aux cheveux bruns et bouclés passa la tête par l'embrasure de la porte d'un air surpris et fixa sur elle ses yeux étincelants. Comme il était beau ! Elle n'avait jamais vu de jeune homme aussi beau et aussi aimable. La princesse se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Davy aussi était troublé. Il n'avait jamais rencontré d'autres personnes et ne connaissait que son père. Quelle était cette personne bizarre sur le pas de la porte ?
 

Il regarda d'un air admiratif le fin visage, les longs cheveux ondulés et les magnifiques vêtements, dont dépassaient deux petits pieds.
 

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il poliment, car son père lui avait appris les bonnes manières.
 

- Mon nom est Elena et je viens d'Anga, répondit la princesse timidement. Et vous, qui êtes-vous ?
 

Davy se présenta à son tour. Il offrit à boire et à manger à la princesse et ils parlèrent tout l'après-midi comme de vieilles connaissances. La princesse connaissait également toute une série de jeux auxquels Davy participa volontiers. Ils riaient et se poursuivaient. Ils jouèrent à cache-cache, à "coucou! qui est là ?" et tressèrent des colliers de fleurs pour garnir leurs cheveux. Le soir arriva beaucoup trop vite à leur gré.
 

- Je dois partir, dit la princesse effrayée, lorsque le soleil eut disparu derrière la cime des arbres.
 

Pensez donc ! Le père de Davy ne tarderait pas à rentrer et il n'apprécierait guère sa visite. 

Relevant ses jupes, elle courut chercher refuge à l'abri des arbres.
 

- Attends! Mon père ne va pas tarder à rentrer. Tu pourras faire sa connaissance, lui cria Davy, mais il était déjà trop tard, la princesse avait déjà disparu à l'ombre des arbres.
Davy en était tout chamboulé. Il aurait bien suivi la princesse, mais ce n'était pas possible, car son père se serait fait du mauvais sang. Mais d'un autre côté, sans la princesse, il se sentait terriblement seul.


Lorsque le père de Davy entendit ce qui s'était passé, il sut immédiatement que Davy avait reçu la visite d'une femme.
 

- Méfie-toi, le mit-il en garde. Si ça continue, elle t'entraînera avec elle loin d'ici. Qui sait où tu te retrouveras ?
 

Quelques jours plus tard, le père de Davy dut à nouveau aller dans la forêt constituer des réserves. Il mit de nouveau son fils en garde contre la jeune fille, mais sitôt son père hors de vue, Davy oublia son avertissement. Cela faisait plusieurs jours que la princesse guettait derrière le grand arbre et elle put enfin se montrer. Davy était fou de joie. il la serra dans ses bras et lui offrit toutes sortes de friandises. Ils se remirent à jouer ensemble. 

Cet après-midi-là, Elena lui raconta aussi la terrible sécheresse qui s'était abattue sur son pays. Elle raconta également à Davy qu'il était le seul à pouvoir amener la pluie.
 

- Mais pour ça, il faut que tu m'accompagnes à Anga, lui dit-elle doucement. Si tu restes ici, tu ne pourras rien faire pour notre pays.
 

Mon père se fera du souci, si je ne suis pas là à son retour, résista mollement Davy. Je dois attendre qu'il revienne pour lui expliquer.
 

Mais Elena ne voulait rien entendre. Imaginez-vous ! Si son père lui interdisait de l'accompagner, elle aurait fait tout cela pour rien.
 

- Si tu le veux, tu pourras m'épouser, dit-elle pour l'amadouer. Je t'aime et je vois que tu m'aimes aussi. Tu deviendras riche et célèbre. Dès qu'il pleuvra à Anga, nous reviendrons chercher ton père et tu pourras t'occuper de lui autant que tu le voudras, bien mieux que tu ne pourras jamais le faire dans cette cabane. S'il te plaît, partons. Maintenant !
 

Le coeur de Davy fondit lorsqu'il vit les yeux suppliants de la princesse. Il rassembla ses maigres affaires et suivit la princesse.
 

Dès que Davy posa le pied dans le royaume d'Anga, une pluie torrentielle se mit à tomber. Tous les habitants du pays asséché sortirent de leur maison et, à genoux, ils remercièrent le ciel de leur envoyer cette eau claire. Les rivières coulèrent à flots et les plantes relevèrent la tête, toutes revigorées. Le roi était fou de joie, car le malheur était conjuré. Il voulut remercier Davy en lui offrant un grand sac rempli de pièces d'or, mais lorsqu'il vit comment sa fille et le jeune garçon se regardaient, il accorda à Davy la main de sa fille. Nulle part ailleurs, il ne trouverait meilleur gendre.
 

Le mariage fut célébré en grande pompe dans tout le pays. Le roi envoya chercher le père de Davy et lorsque celui-ci vit combien son fils était heureux avec la princesse, il embrassa sa nouvelle belle-fille et souhaita aux jeunes mariés tout le bonheur du monde.

 Davy emmena son père dans le château que le roi avait fait construire pour le jeune couple.
Depuis ce jour-là, il n'y eut plus jamais de sécheresse dans le royaume d'Anga qui devint le pays le plus fertile d'Afrique.

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