jeudi 24 juillet 2014

Patrick Dewaere ; comédien français disparu trop tôt



Néanmoins, après cet énorme succès, Patrick Dewaere reste curieux d'expériences stimulantes. C'est pourquoi il accepte de tourner dans des films à moindre budget, mais emplis de poésie comme "AU LONG DE LA RIVIÈRE FANGO" en1975 de Sotha ou "LILY AIME-MOI" en 1975 et "F COMME FAIRBANKS" en 1976 de Maurice Dugowson dont il fait la musique. Il accepte également de donner une chance au jeune réalisateur Claude Miller en interprétant "LA MEILLEURE FAÇON DE MARCHER" en 1976 ou "LA MARCHE TRIOMPHALE" en 1977 de Marco Bellocchio où il prouve encore son horreur du conformisme.

Car Patrick Dewaere excelle dans les rôles de perdants et de marginaux qu'il sait rendre attachants par sa sensibilité. Il interprète des rôles dans lesquels il peut se glisser instinctivement. Parfois, il refuse ouvertement certains scénarios qu'on lui propose, ce qui ne plaît pas beaucoup aux majors du cinéma. Les personnages qu'il interprète sont souvent meurtris mentalement, même si le public le préfère dans des rôles de héros positif.

En 1977, il achève de convaincre le public de son talent, avec "LE JUGE FAYARD DIT LE SHÉRIF " (1977) d'Yves Boisset. Mais après son petit succès pour la bande-son du film "F comme Fairbanks", il doute pendant un moment, sur le fait d'arrêter le cinéma pour se consacrer entièrement à la musique. Il veut monter un groupe, il fait donc un disque (un 45 tours) qui sort en 1978, mais son insuccès auprès du public le décourage rapidement et remet en cause sa carrière musicale . Il revient donc à son premier amour: le cinéma. Il tourne alors dans "COUP DE TÊTE" en 1979, "SÉRIE NOIRE" en 1979 qui obtiennent un véritable succès auprès du public.

Mais en 1980, juste avant la sortie du film "UN MAUVAIS FILS" de Claude Sautet, Patrick confie sans crainte, ou de façon inconsciente, à un journaliste du "Journal du dimanche" la date qu'il veut garder secrète de son futur mariage avec Elsa, la mère de sa seconde fille Lola. Mais le journaliste décide de ne pas garder pour lui le scoop et la nouvelle fait la une du journal. Patrick est très énervé et malheureusement soutenu par deux de ses amis, ils se rendent tous les trois chez le journaliste où il s'ensuit une rixe. Le journaliste décide de porter plainte pour coups et blessures.

 
Patrick Dewaere


Acteur français né Patrick Jean-Marie Henri Bourdeau le dimanche 26 janvier 1947 à Saint-Brieuc, en Bretagne. C'est le troisième enfant d'une famille qui en comptera six. Patrick Dewaere a une enfance plutôt difficile. Il n'aime pas l'école, même s'il tentera de passer son bac trois fois de suite. Il est souvent raillé comme la petite star du cinéma car, comme ses frères, Patrick tient, dès son plus jeune âge, quelques rôles sous le nom de Patrick Maurin nom de sa mère  pendant les années 50. Il débute au cinéma dès 1951 dans "MONSIEUR FABRE". Il n'a alors que quatre ans. Il joue ensuite divers petits rôles d'enfants, d'écoliers... dans plusieurs films, comme par exemple, "LA MADELON", "EN EFFEUILLANT LA MARGUERITE", ou "JE REVIENDRAI À KANDARA" ... 

En 1960, il tourne dans des films télévisés comme, par exemple, "La déesse d'or" ou bien encore en 1967 "Les hauts de Hurlevent" de Jean-Paul Carrière. C'est d'ailleurs cette même année qu'il obtient enfin un des premiers rôles dans le feuilleton télévisé "Jean de la tour miracle" qui rencontre un certain succès. 


 
 
Patrick Dewaere



Toujours en 1967, il devient pensionnaire, puis " sociétaire " en 1968, du Café de la Gare avec Coluche, Romain Bouteille, Sotha et Miou-Miou... où il joue pendant plus de dix ans lorsqu'il ne tourne pas pour le cinéma dans différentes pièces de théâtre. Mais, à cause des différents reports d'autorisations d'ouverture, il va falloir quand même près deux ans pour que le Café de la Gare soit achevé et qu'il ouvre officiellement ses portes le 12 Juin 1969.

C'est pendant cette période qu'il veut faire table rase de son passé de "comédien embourgeoisé" et qu'il apprend qu'il n'a pas le même père que ses autres frères et sœur. Il décide alors de prendre un autre nom de scène et choisi le nom Dewaere , patronyme de son arrière-grand-mère maternelle, pour se différencier de la troupe Maurin, dont il ne se sent en fait qu'un numéro. C'est aussi pendant cette folle période qu'il décide de se marier dans le plus grand secret avec Sotha, en ayant Rufus et une amie comédienne comme témoins.

Parallèlement, pour que la jeune troupe de comédiens puisse réaliser les travaux du futur "Café de la Gare", chacun d'eux fait des "post-synchro" doublages sons. Patrick fait la voix de Dustin Hoffmann dans "Le lauréat" par exemple et tourne dans quelques publicités pour contribuer à l'avancée du café théâtre.

Dès le Café de la Gare achevé, il tourne avec ses acolytes dans un court-métrage "La vie sentimentale de Georges le Tueur" et commence à se faire remarquer dans les sketches qu'il écrit parfois et dans lesquels il joue. Il est engagé pour le cinéma par Jean Paul Rappeneau, venu un soir sur les conseils de Coluche chercher dans ce nouveau vivier un des futurs acteurs qui devait jouer deux petites scènes dans son prochain film "LES MARIÉS DE L'AN II" en 1970. Un peu plus tard, il trouve un petit rôle avec une seule réplique en 1971 dans "LA MAISON SOUS LES ARBRES" en 1971. C'est ensuite en 1972 que toute la troupe du Café de la Gare est engagée dans "THEMROC" par Claude Faraldo, mais ce film qui est pourtant quasiment inconnu en France est encore aujourd'hui, l'un des films-cultes, des cinéphiles anglo-saxons.

A la fin 1972, Bertrand Blier cherche de nouveaux acteurs, pour l'adaptation au cinéma de son roman "LES VALSEUSES" en 1974. Il choisit d'abord Gérard Depardieu et Miou-Miou puis, sur les conseils des deux autres, Patrick pour tenir les rôles principaux. Ce film le propulse au rang de "nouvelles stars" à part entière.

 

 
Les journalistes très solidaires dans ce genre d'affaire soutiennent avec tous les excès et sans aucune mesure leur confrère et critiquent très fortement le film pourtant de grande qualité de Claude Sautet qui vient juste de sortir et les films qui vont suivre l'année suivante en 1981 comme par exemple "PSY", "BEAU-PÈRE", ou encore "PLEIN SUD". Ils évitent de parler de Patrick Dewaere dans leurs articles ou ne le cite qu'avec ses initiales. Cette mésaventure avec les journaux va durer quelque temps et cela l'affecte profondément. Toutefois le journaliste, très bien conseillé, acceptera une très grosse somme d'argent de la part de Patrick Dewaere pour lui éviter le procès et en finir avec cette histoire. Donc, des le début d'année 1982, l'incident est oublié. Puis, sortent en salle des films comme"MILLE MILLIARDS DE DOLLARS" d'Henri Verneuil en 1982 qui rencontre un très gros succès et un film pourtant tourné en 1979 "PACO L'INFAILLIBLE " de Didier Haudepin. Ces nouveaux films où il tient les rôles principaux, lui permettent de donner là encore la pleine mesure de son talent.

Le 16 juillet 1982, alors qu'il répète le rôle de Marcel Cerdan pour le film de Claude Lelouch "Édith et Marcel", Patrick Dewaere rentre seul à son domicile parisien, impasse du moulin vert , en début d'après-midi et choisit, en se mettant en scène face au miroir de sa chambre, de se suicider en se tirant une balle de 22 long rifle dans la bouche. C'est son domestique qui parle seulement anglais qui le découvre étendu vers 16 heures, et qui, affolé, se précipite chez la blanchisseuse de la rue du moulin vert pour lui demander d'appeller Police Secours, mais il est évidemment trop tard lorsqu'elle arrive. Le vendredi 23 juillet, ses obsèques sont célébrées place Victor et Hélène Basch Paris 14 ème dans l'église Saint Pierre du Petit-Montrouge. Le cercueil de Patrick Dewaere est porté par ses frères devant la foule. L'inhumation a lieu un peu plus tard à Saint Lambert du Lattay dans le Maine et Loire. Il avait seulement 35 ans et les raisons réelles de son acte demeurent inconnues.

 
Le grand Patrick Dewaere, ici avec Lino Ventura, honoré à Saint-Brieuc, le 22 décembre 2009.


Patrick Dewaere est décédé un mois avant la sortie en salle de son dernier film "PARADIS POUR TOUS" en août 1982 de Alain Jessua. C'est un film où il joue le rôle d'un agent d'assurance qui vient de louper son suicide mais qui reprend enfin goût à la vie après une opération expérimentale le flashage sur son cerveau. Après "Edith et Marcel", il devait aussi tourner dans le prochain film de Bertrand Blier "La femme de mon pote" ou bien encore "Le prix du danger" d'Yves Boisset. Mais ces projets ne verront pas le jour, tout du moins pas avec lui.
En 1992, dix ans après la mort de Patrick Dewaere, Marc espositto, qui a souvent interviewé Patrick lorsqu'il travaillait pour le mensuel "Première" et avec qui il était devenu un "bon copain" décide de lui rendre hommage en présentant le film "PATRICK DEWAERE" en ouverture et hors compétition du Festival de Cannes 1992, dont le jury est présidé cette année là par Gérard Depardieu. En effet, Patrick l'un des meilleurs acteurs de sa génération, n'a jamais été récompensé, malgré cinq nominations aux Césars et sa présence en compétition à Cannes, pour "SÉRIE NOIRE" et "BEAU-PÈRE".


 Il y a 30 ans, jour pour jour, Patrick Dewaere disait adieu à ce monde cruel. Mais, il semblerait que ce monde ne lui ait toujours pas dit adieu et soit encore plus cruel, quand on voit tous ces hommages du vice à la vertu. Qu’est-ce qu’il ne faut pas lire ! La presse, toujours aussi friande de comparaisons à l’emporte-pièce et de rapprochements douteux, s’interroge ici à propos d’un digne héritier du comédien ténébreux aux grands yeux inquiets. Il faut bien raconter quelque chose… Résultat des courses : Jean-Paul Rouve, sans doute pour la coupe de cheveux et le menton en galoche, car pour le reste, on ne saurait dire, et, tenez-vous bien, Vincent Lindon. 

 Le grand Patrick Dewaere, ici avec Jane Birkin, honoré à Saint-Brieuc, le 22 décembre 2009.


« Si Patrick Dewaere était vivant aujourd’hui, ce serait Vincent Lindon. » Noir sur blanc, que c’est écrit. Alors là, bravo Messieurs, il ne m’a jamais été donné de lire une phrase aussi stupide ! S’il était encore vivant, et ben, ça serait un autre… Ah bordel, fallait la pondre celle-là ! Quelle acuité ! Et pourquoi pas Guillaume Canet pendant qu’on y est ? Ce ne sont pas les imposteurs qui manquent dans la grande famille du cinéma français: Romain Duris, Gilles Lellouche, Samuel le Bihan… La liste est longue. À croire que les journalopes n’ont toujours pas digéré, 30 ans après, que Dewaere ait dérouillé l'un de leurs congénères pour danser ainsi sur son cadavre et oser le comparer à tous ces médiocres dont les prestations valent bien celle de Joe-Wilfried Tsonga dans la pub Kinder Bueno. 

À l’époque, dans un élan de solidarité corporatiste, l’ensemble de la presse s’était ligué contre lui au point de bannir son nom des colonnes. Voilà comment se règlent les différents aujourd’hui : non plus à l’épée avec deux témoins, mais en un sournois boycott collectif. Méthodes de lâches qui en disent long sur la profession et notre époque de faux durs, de rebelles en carton. Elle est à l’image de tous ces acteurs qui pavoisent dans le showbiz, jouent les bons samaritains à l’écran et se comportent comme les pires crevures en privé. Pas étonnant que le cinéma soit l’art dominant dans un monde aussi factice. Tout n’est qu’illusion. Simulacres et simulation, comme disait l’autre. Voilà sans doute aussi pourquoi Dewaere, outre ses problèmes personnels, a préféré passer l’arme à gauche, pour ne plus avoir à subir cette clique de tanches infatuées de leurs films à la noix de coco. Qu’on se le dise, aucun acteur français n’a su autant crever l’écran depuis Patrick Dewaere dans Série Noire. Il n’a point d’héritiers et c’est là son plus bel héritage : l’unicité. Alors paix à son âme et mon gant dans la gueule de tous ces marauds.

Le grand Patrick Dewaere honoré à Saint-Brieuc, le 22 décembre 2009.

 Adieu l'artiste.

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